Ce sera mon dernier blogue avant un petit bout de temps, mais je voulais vous donner des nouvelles suite à mon accident récent.

Un bref moment d’inattention où mon regard aveuglé a regardé vers le fleuve en sortant des toilettes publiques de la place des Cannotiers, et je me suis retrouvé à plonger presqu’au ralenti dans la marche du quai que je n’ai jamais vue. Mon accident du 2 juillet a provoqué trois fractures : l’humérus, le coude et le fémur. Les trois à droite. 

Depuis une semaine, je tente lentement de me faire à l’idée que je dois traverser une autre réhabilitation d’envergure, la 2e en 4 ans. C’est une question de plusieurs mois. Mon futur se retrouve soudainement dans un étrange brouillard.

Encore une fois, mon contact avec l’extérieur se fait principalement avec les réseaux sociaux. Je regarde les photos de tous ceux et celles qui profitent de leur été avec un peu de jalousie en essayant de me convaincre, encore, que ce n’est que partie remise. Mais dans les circonstances, mon moral va relativement bien.

Le plus ironique dans tout ça, c’est que j’ai consacré les derniers mois de ma vie à l’écriture d’un long essai de presque 30 000 mots sur les façons de combattre le cynisme à notre époque. J’étais un peu tanné du négativisme ambiant de la pandémie et j’avais envie d’amener des idées de solutions pour tout le monde. Je n’ai pas encore d’éditeur, mais mon livre touche à des éléments centraux de notre époque, comme notre rapport individuel à notre propre incapacité à changer les choses, peu importe le contexte. Que soit face à un handicap ou même face au sort de la planète. Je crois vraiment pouvoir m’adresser à un large public et amener des éléments qui peuvent aider à voir les choses autrement.

Mais mon accident, c’est comme si à l’aube de terminer ma rédaction, la vie me demandait à propos de tout ce que j’ai écrit : « Es-tu vraiment certain que c’est ça que tu penses et que tu veux partager? » Comme si on voulait me convaincre du contraire, me mettre à l’épreuve une fois de plus juste pour confirmer.

Je confirme. Et je refuse d’être cynique à propos de cet incident. Toute ma vie m’a préparée à bien l’affronter. Permettez-moi de me citer avec une phrase qui est justement tirée de mon essai :

Notre égo et notre volonté de donner un sens à tout, même à nos malheurs, est souvent un obstacle qui nous empêche d’avancer vers la recherche de solutions concrètes.

Cet accident est aussi bête qu’il est vide de sens. Ça fait chier, mais je vais « dealer avec ». Je vois dans ce qui m’arrive seulement la confirmation de la pertinence des idées que je vous partagerai plus en détails un jour. Je mettrai cette épreuve derrière moi comme les autres avant elle.

Ça ne signifie pas que je suis parfaitement zen, loin de là. Mais j’ai suffisamment réfléchi à mon sens des priorités dans les dernières années pour comprendre comment la douleur ne devait pas rendre le négatif disproportionné. Il ne faut pas accorder trop d’importance aux obstacles même lorsqu’ils paraissent comme des montagnes, car c’est comme tomber dans leurs pièges une seconde fois. Malgré la frustration, je prendrai cette réhabilitation un jour à la fois, mais je ne chercherai pas le fil d’arrivée trop vite. Je sais que j’y arriverai avec le temps.

Surtout, ne ressentez pas de pitié pour moi et ma situation et n’essayez pas de comparer nos situations. Profitez de ce que vous avez maintenant, en attendant que nous puissions de nouveau le partager ensemble un jour.

D’ici là, n’hésitez pas à m’écrire. Je serai sur mon iPhone à essayer de passer le temps où à travailler sur mon projet Wheelchair On Fire pour lequel j’ai plein d’idées. Voici un petit cadeau pour vous remercier de votre lecture : 10% de rabais avec le code MICHEL10 (valide jusqu’au 15 juillet 2022).

J’arrête ici puisque ce texte a été écrit uniquement avec mon pouce gauche.

Crédit photo : ma mère.