Vous excuserez mon silence radio des dernières semaines sur ce blogue. Je suis en train d'essayer d'écrire un livre, donc je passe beaucoup de temps à rédiger ailleurs, mais mon poignet droit finit toujours par limiter mes ardeurs et mes idées. C'est difficile de guérir un tendinite à l'avant-bras quand la majorité de ta vie repose sur l'utilisation de tes mains et que tu passes tes journées à l'ordinateur. Fin de la parenthèse.

Maintenant, je voulais tout de même glisser un mot sur un sujet qui m'intéresse : l'annonce récente de la vente des droits de diffusion de la MLS à Apple pour 250 M$ par année pour une durée de 10 ans. Un coup dans les genoux pour TVA Sports et les médias « traditionnels », et un pas de recul pour ce qui est de la couverture locale.

Maintenant, est-ce annonciateur d'une tendance qui prendra de l'ampleur au détriment des chaînes câblées? J'aurais tendance à croire que non. Du moins pas à court terme. Cette entente devrait être vue comme un avertissement plus que comme la mise en action d'une nouvelle norme à venir.

D'abord, toutes les compagnies qui font du streaming n'ont pas les reins aussi solides qu'Apple financièrement. La récente débandade de Netflix en est un exemple flagrant. La MLS reste la plus petite des grandes ligues en Amérique du Nord, et Apple en est encore à l'étape des expérimentations avec la diffusion des sports. Son autre entente avec la MLB ne vaut que 85 M$ par année sur les 2 milliards de dollars de droits de l'ensemble des diffuseurs.

Au États-Unis, le sort des droits de la NFL est scellé pour 11 ans à partir de 2023. Si cette entente contient une part de diffusion en ligne via Amazon, l'ensemble des matchs est tout de même séparé entre 5 diffuseurs, dont 4 sur la télé traditionnelle. Dans tous les cas, la prochaine annonce ne viendra pas de ce côté.

Les prochaines années doivent donc être perçues comme une grande expérimentation pour les diffuseurs en ligne. Si le public les adopte, Apple et Amazon seront certainement tentés de bonifier leurs ententes lorsque viendra le temps de renouveler les droits des autres ligues. Là où l'entente de la MLS fait certainement plus mal, c'est qu'elle est exclusive et qu'elle débute dès l'an prochain.

Mais à court terme, le grand perdant de l'entente annoncée cette semaine, c'est Québécor. Avec la perte des droits de la MLS et le retour plus qu'improbable des Nordiques, la rentabilité de TVA Sports dépendra encore plus des succès du Canadien, qui sont encore dans les bas fonds du classement jusqu'à preuve du contraire. L'été dernier, un article de La Presse précisait que la chaîne n'avait toujours pas été rentable depuis sa création en 2011 et qu'elle arrivait seulement à réduire ses pertes. Au Canada, l'entente de la LNH avec Rogers vient à échéance en 2026. Si TVA Sports n'arrive pas à sécuriser ses droits lors de ce renouvellement, ce pourrait carrément être la fin de la chaîne.

Le plus ironique dans tout ça, c'est que la survie de TVA Sports dépend de plus en plus d'une franchise qui est en partie la propriété de son concurrent. Car il ne faudrait surtout pas oublier que même si Molson est l'actionnaire majoritaire, l'un des actionnaires minoritaires du Canadien, c'est nul autre que Bell (qui détient CTV, RDS, TSN... et aussi une partie des Maple Leafs, mais ça c'est une autre histoire).

Source photo : Apple.