L’hiver ne finit plus de finir et c’est déjà l’heure d’un autre bilan mensuel.

Je dois vous avouer quelque chose : je n’écris pas vraiment ces bilans pour maintenant, mais pour dans quinze ou vingt ans lorsque je retrouverai ce blogue par hasard. Quand tout semblera encore si proche et si loin, un peu comme dans cet article de Dominic Tardif au début du mois sur les 20 ans de Break Syndical des Cowboys Fringants. Vingt ans? Déjà?

En 2002, je terminais mon secondaire cinq et je m’en allais sacrifier mon été pour assurer mon avenir avec d’importantes chirurgies au dos. J’étais au point de rupture entre mon adolescence et le début de ma vie d’adulte. Sans la médecine moderne, j’ignore où je serais aujourd’hui. Je peux dire merci à la modernité d’avoir prolongé mon espérance de vie. Je suis me suis toujours considéré chanceux d'être né à notre époque.

Nous voici vingt ans plus tard.

La phrase qui m’a le plus marqué ce mois-ci vient du porte-parole du Pentagone John Kirby qui a dit au sujet des forces russes qu’elles « ne conduisent pas leurs opérations avec la coordination qu’on aurait pu attendre d’une armée moderne ».

Tout est dans cette phrase. La modernité nous redéfinit constamment. Ou vous montez dans le train, ou vous frappez un mur comme l’armée russe. La question, c’est que ferez-vous de toute cette modernité? Prenons le mois de mars qui vient de se terminer.

Le rayonnement du Québec à l’international par des artistes comme Denis Villeneuve, c’est moderne.

Réagir instantanément sur Twitter à la gifle de Will Smith pendant la cérémonie des Oscars, c’est très moderne.

Utiliser les réseaux sociaux pour montrer son appui au peuple ukrainien, ça aussi c’est moderne.

Vous avez compris le principe. Je pourrais continuer longtemps, mais c’est aussi intéressant de regarder l’envers de la médaille. Notre système de santé? Nos écoles publiques? Le retour de Jean Charest? Apprendre à vivre avec le virus? Voyez-vous quelque chose de moderne dans tout ça?

Le moderne peut aussi être laid. C'est ce que dit Huguette dans la saison 2 de C'est comme ça que je t'aime au sujet de la décoration « moderne » choisie par son mari.

Dans tous ces exemples, d’un côté comme de l’autre, la modernité est en perpétuelle opposition aux apparences. Ça peut sembler paradoxal, puisque c’est cette modernité qui nous a propulsé dans un monde où les apparences prennent de plus en plus de place. Mais sur le champ de bataille, les deux s’affrontent constamment.

L’Ukraine est un champ de bataille, le web est un champ de bataille, l’Assemblée Nationale en est encore un autre. Ce que je retiens du mois de mars 2022, c’est qu’il nous aura démontré sur tous les fronts que la modernité doit servir l’humanité avant les apparences.

Crédit photo : image tirée du film Les temps modernes de Charlie Chaplin.